Communiqué sur la crise sanitaire
LETTRE DE MGR MARC AILLET AUX DIOCÉSAINS DE
BAYONNE, LESCAR ET OLORON, SUR L’EPIDEMIE DE COVID-19
Chers frères et
sœurs,
La problématique que pose actuellement la contagion
mondiale du virus de Covid 19 ne peut pas laisser l’Eglise indifférente face à
la maladie et à la détresse morale des populations.
Une situation complexe et un profond malaise
Comme évêque, c’est-à-dire comme pasteur appelé à
prendre soin du troupeau qui m’a été confié par le Seigneur, je partage
l’inquiétude d’un nombre croissant de personnes désemparées devant l’affolement
sanitaire actuel. Les solutions préconisées par le Gouvernement pour endiguer
l’épidémie, avec force moyens médiatiques et législatifs, si elles partent de
l’intention louable de garantir la sécurité publique, engendrent chez beaucoup
un état de détresse psychologique et morale. Si la vaccination est présentée
par le pouvoir politique et les autorités de santé comme le seul moyen de
stopper l’épidémie, les contraintes mises en place par décret ou en discussion
au Parlement – vaccination obligatoire pour certaines professions,
pass-sanitaire pour certains lieux ou activités de la vie quotidienne –
suscitent des interrogations chez un nombre non négligeable de personnes qui
craignent pour la sauvegarde de leurs libertés.
Si de très nombreux citoyens se sont laissés convaincre
par les incitations gouvernementales et sur le conseil de très nombreux
médecins de bonne foi, d’autres recourent au vaccin, contraints et forcés, pour
ne pas perdre leur travail, ne pas mettre en péril leur famille ou pour jouir
de la liberté d’aller au restaurant, au cinéma ou en voyage… L’obligation du
pass-sanitaire n’est pas sans interroger beaucoup, y compris des élus de tous
bords, sur le régime de discriminations, de suspicion ou de contrôle mutuel qui
sera ainsi mis en place. Les discussions animées à l’Assemblée Nationale en
témoignent. Un député de la Majorité, s’opposant au pass- sanitaire, a même
dénoncé devant la commission des lois le risque de « fractionner la
société ».
La pression quotidienne du discours médiatique, qui fonctionne
comme un appel incitatif à la vaccination, les approximations et les
contradictions de la parole publique, ont conduit nombre de nos concitoyens au
doute, au scepticisme, voire à des durcissements et des réactions qui ne
laissent pas d’inquiéter. Il serait préjudiciable à la paix et à la cohésion
sociale d’instaurer une situation de « discrimination » entre
vaccinés et non vaccinés, incitant même les uns à culpabiliser les autres, à
les marginaliser et à les condamner à une quasi mort sociale. D’un côté comme
de l’autre, il arrive que l’on joue sur le ressort de la peur et que l’on verse
dans l’irrationnel.
Il ne se passe pas un jour où je ne ressente pas ce
profond malaise, ce climat de tension voire de dépit qui affecte nombre de
personnes que je rencontre. Je ne vous cache pas non plus mon inquiétude en
constatant des germes de division dans les familles, les communautés, les
groupes où la question de la vaccination devient peu à peu un sujet tabou, tant
elle apparaît comme une question qui fâche.
Une information au service de la liberté de
conscience
Vous aurez compris qu’il ne s’agit pas pour moi de
dicter sa conduite à quiconque, ni de prendre position, de manière dogmatique,
pour ou contre le vaccin. Mais il est de mon devoir de pasteur de vous inviter
à la sérénité, dans le plus grand respect de tous, quelle que soit votre
option, en vous refusant à stigmatiser ceux qui font d’autres choix. C’est la
mission de l’Eglise de prendre de la hauteur et d’inviter à un débat apaisé,
mieux : d’éclairer les consciences pour favoriser le « consentement
libre et éclairé » exigé par la Loi. En reprenant la trilogie bien connue
de la pensée sociale de l’Eglise – voir, juger, agir –, il s’est agi pour moi,
avec l’aide de membres de « l’Académie diocésaine pour la vie », de
procéder à un gros travail de recherche, en faisant le choix de n’utiliser que
des informations référencées, provenant des services officiels de l’Etat
français, d’autres Etats ou des Institutions internationales. Même s’il ne
manque pas de scientifiques éminents, de médecins et autres professionnels de
santé et de juristes pour alerter, de manière sereine et constructive, les
pouvoirs publics et les populations sur les moyens alternatifs au vaccin et au
pass-sanitaire pour endiguer l’épidémie et atteindre l’immunité collective,
sans attenter aux libertés publiques.
Il n’est pas question pour moi de nier que la sécurité
sanitaire soit un élément fondamental du Bien commun que l’Etat doit prendre à
bras le corps, mais nul ne peut être contraint d’agir contre sa conscience. Car
c’est bien la liberté de conscience qui est ici en jeu. Encore faut-il que la
conscience soit éclairée et informée. Or l’enquête menée par l’Académie
diocésaine pour la vie, m’a permis de découvrir une masse d’informations sur
l’épidémie mondiale, impactant les populations depuis près de deux ans, et sur
les moyens préconisés pour l’éradiquer, qui ne sont pas toujours portées par
les grands médias à la connaissance du public.
Il y a des actes ou des choix qui sont toujours mauvais
et qu’aucune loi ne saurait justifier. Il y a plus simplement un discernement à
opérer sur la proportion des moyens mis en œuvre pour atteindre la fin, même
louable, que l’on s’est fixé.
La posture du questionnement
Je me contenterai d’adopter ici la posture du
« questionnement », que le Président de la République, dans son
discours aux Bernardins du 9 avril 2018, avait affirmé attendre de l’Eglise.
Les questions que je me pose, peut-être impertinentes, sont celles que
j’entends régulièrement autour de moi.
On nous dit que la vaccination est le seul moyen, dans
la situation actuelle, de stopper l’épidémie et d’atteindre l’immunité
collective. Mais qu’en est-il des traitements qui existent et qui sont
efficaces ou des autres moyens de prévention préconisés pour renforcer nos
défenses immunitaires naturelles ? Est-il avéré que l’hydroxychloroquine,
qui a été frappée d’interdiction en France par décret, a été autorisée dans
d’autres pays européens ? Qu’en est-il de l’Ivermectine dont il semble que
l’efficacité soit démontrée ? Qu’en est-il de la liberté des médecins de
prescrire des traitements contre la covid-19 ?
Le mot « vaccin » résonne dans l’inconscient
collectif comme un progrès indéniable qui a apporté de grands bienfaits à
l’humanité. Que l’on pense au vaccin contre le Tétanos, pour lequel on n’a
toujours pas trouvé de traitement pour éviter une mort inéluctable. L’épidémie
de Covid-19 est-elle du même ordre, le risque d’en mourir est-il
comparable ? Le taux de mortalité est-il particulièrement inquiétant ?
Le nombre de contaminations fait-il croitre de manière exponentielle le nombre
de décès ? Les vaccins protègent-ils contre les
« variants » ?
Les vaccins mis sur le marché actuellement en France
sont-ils des vaccins à proprement parler ou des « thérapies
géniques » innovantes ? Pourquoi l’Agence européenne du médicament,
suivie par l’Agence Nationale de sécurité du médicament en France, n’a-t-elle
accordé qu’une Autorisation de Mise sur le Marché (AMM)
« conditionnelle » et pourquoi les firmes pharmaceutiques ont-elles
été exemptées d’indemnisation pour leurs effets indésirables ? Si la phase
expérimentale 3 ne s’achèvera pour Pfizzer par exemple qu’en octobre 2023, cela
signifie-t-il qu’il faille craindre pour la sécurité du médicament à moyen ou long
terme ? Des effets indésirables, voire mortels, ont-ils été recensés
depuis l’utilisation de ces « vaccins » et les médecins traitants
ont-ils été invités à informer leurs patients de ces risques ? Pourquoi
n’invoque-t-on pas le « principe de précaution » si présent dans le
discours public quand il s’agit de la protection de l’environnement ?
La dernière question concerne l’utilisation avérée, au
moins pour le vaccin Astrazeneka, puisqu’il n’existe aucune notice
d’information sur la composition des trois autres vaccins – ce qui est pour le
moins étrange –, de cellules issues de fœtus avortés. La Congrégation pour la
Doctrine de la foi a publié, le 20 décembre 2020, une « Note sur la
moralité de l’utilisation de certains vaccins ». La question n’est pas
nouvelle puisque d’autres vaccins qui circulent depuis les années 1960 (contre
la rubéole, la varicelle, l’hépatite A et le zona), ont déjà suggéré à l’Eglise
de se prononcer par le passé. Le dernier document en date, cité par la Note de
2020, est l’Instruction de la Congrégation pour la doctrine de la foi, Dignitas
personae, du 8 décembre 2008. Si l’Eglise porte évidemment un jugement
négatif sur l’utilisation de cellules issues de fœtus avortés dans
l’expérimentation et la fabrication des vaccins, qu’en est-il de la coopération
au mal des utilisateurs de ces vaccins ? C’est une question éthique que
l’on ne saurait éluder.
Enfin, le pass-sanitaire est présenté souvent de manière
altruiste, comme nécessaire pour éviter que des non vaccinés contaminent les
autres, par exemple les clients d’un restaurant ou les personnes les plus
vulnérables que nous côtoyons ? Mais si ceux-ci sont vaccinés, que
risquent-ils ? D’ailleurs le vaccin anti-covid protège-t-il de la
contamination et de la transmission du virus ? La parole publique
n’est pas claire : dans un mémoire au Conseil d’Etat du 28 mars 2021, le
Ministre de la Santé affirme, arguments à la clé, qu’il y a toujours un risque
pour les personnes vaccinées, mais le Premier Ministre dans son allocution du
21 juillet sur TFI, affirme sans ambages que l’on est protégé. Qui
croire ? Et si le vaccin ne protège pas, pourquoi les vaccinés
seraient-ils davantage admis dans certains lieux que les non-vaccinés ?
A-t-on évalué les contraintes que le pass-sanitaire fera peser sur les citoyens
dans la vie quotidienne ? Ne représente-t-il pas en fin de compte une
obligation vaccinale déguisée ?
Comment concilier les textes de loi, depuis le Code de
Nuremberg, qui interdisent toute obligation vaccinale ? Si le 8 avril
2021, un arrêt de la CEDH (Cour Européenne des droit de l’homme) a autorisé la
vaccination obligatoire à certaines conditions, une résolution de l’Assemblée
parlementaire du Conseil de l’Europe, votée le 27 janvier 2021, par tous les
pays de la Communauté, y compris la France, demande « de s'assurer que les
citoyens et citoyennes sont informés que la vaccination n'est pas obligatoire
et que personne ne subit de pressions politiques, sociales ou autres pour se
faire vacciner, s'il ou elle ne souhaite pas le faire personnellement »
(7.3.1) et « de veiller à ce que personne ne soit victime de
discrimination pour ne pas avoir été vacciné, en raison de risques potentiels
pour la santé ou pour ne pas vouloir se faire vacciner » (7.3.2). Qu’en
penser ?
Ce sont les questions que j’entends et que je fais
miennes volontiers. Ceux qui souhaiteraient consulter la Note informative de
l’Académie diocésaine pour la Vie pourront la demander à l’adresse-mail
suivante : academiepourlavie@diocese64.org Comme
tout citoyen, nous ne saurions trancher sur ces questions sans réflexion, comme
nous ne saurions accorder notre confiance aux pouvoirs publics et aux autorités
de santé sans information suffisante et sans discernement. Des choix présentés
comme aussi décisifs pour la sécurité publique ne peuvent être posés qu’en
conscience.
En vous invitant à ne pas céder à la division entre
nous, à éviter tout jugement les uns sur les autres et à rechercher toujours la
vérité dans la charité, je prie le Seigneur de nous éclairer sur les bonnes
attitudes, en vue du Bien commun et de la défense de nos libertés fondamentales
qui en constituent le socle.
Prions pour les autorités publiques, afin qu’elles
prennent de bonnes et justes décisions, et demandons au Seigneur, par
l’intercession de la Vierge Marie, de mettre un terme à cette épidémie.
+ Marc Aillet, le 23 juillet 2021
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