jeudi 1 avril 2021

Qu’est-ce que la messe chrismale ?


La messe chrismale a lieu durant la Semaine Sainte : dans le rite catholique latin, la messe chrismale n’appartient pas, au sens strict, au Triduum pascal. Si elle a lieu le plus souvent le Jeudi Saint au matin, elle peut être transférée à un autre jour, pourvu qu’elle soit proche de PâquesBeaucoup d’évêques, pour faciliter la participation des fidèles et des prêtres, choisissent un soir de l’un ou l’autre des jours saints, le lundi, le mardi ou le mercredi.

Durant la messe chrismale, l’évêque bénit les autres huiles saintes et consacre le Saint Chrême. Cette huile servira dès les baptêmes de Pâques puis tout au long de l’année pour les sacrements du baptême, de la confirmation et de l’ordre.

Au cours de cette messe qui manifeste l’unité de toute l’Église diocésaine autour de son évêque, les prêtres renouvellent leurs promesses sacerdotales : vivre toujours plus unis au Seigneur Jésus, chercher à lui ressembler, renoncer à eux-mêmes, être fidèles aux engagements attachés à la charge ministérielle, célébrer les sacrements, annoncer la Parole de Dieu avec désintéressement et charité.


C'est en la cathédrale Sainte Marie d'Oloron qu'avait lieu, mardi 30 mars, la Messe chrismale de notre diocèse à  laquelle plus d'une centaine de prêtres ont pu participer cette année.




L'homélie de Monseigneur Aillet:
 

Chers frères prêtres et diacres,

Chers frères et sœurs consacrés et fidèles laïcs du Christ

Grâce à Dieu, nous avons la joie d’être rassemblés aujourd’hui dans cette Cathédrale Sainte Marie d’Oloron, pour la Messe Chrismale, dont nous avions été privés l’an dernier, comme nous aurons la joie de pouvoir enfin célébrer le Mystère pascal de Jésus, sommet de notre année liturgique, même si ce sera encore avec quelques restrictions. La Messe chrismale, qui a lieu normalement le Jeudi Saint au matin, mais que nous pouvons anticiper pour des raisons pratiques à l’un des premiers jours de la Semaine sainte, est d’abord la fête du Sacerdoce, et c’est pourquoi les prêtres seront invités, dans quelques instants, à renouveler les engagements de leur ordination.

Mais elle est aussi la fête du peuple de Dieu tout entier, dans son unité et la diversité de ses membres : évêques, prêtres et diacres, consacrés ou fidèles laïcs, malades et catéchumènes. C’est que l’Eglise est d’abord le Peuple de Dieu, c’est-à-dire le Peuple que Dieu s’est acquis par le sang de son fils, le peuple de ceux qui appartiennent à Dieu et qui peut s’approprier les paroles de Jésus, à la synagogue de Nazareth : « L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne nouvelle aux pauvres… » (Lc 4, 18).  Ce qui constitue son unité, c’est précisément la grâce du baptême que nous partageons tous à égalité, qui donne à chacun de participer fondamentalement au Sacerdoce du Christ et qui fait de nous tous, un « Royaume et des prêtres » (Ap 1, 6), comme dit saint Jean dans l’Apocalypse, une « demeure spirituelle » (1 P 2, 5), dit l’Apôtre Pierre, « la demeure de Dieu parmi les hommes » (Ap 21, 3). Le Saint-Chrême, que je consacrerai dans un instant, atteste de cette égale dignité de tous les baptisés. Et nous rendrons grâce pour les catéchumènes qui recevront, en ces fêtes pascales, les sacrements de l’initiation chrétienne.

Par le baptême, nous sommes tous appelés à la sainteté et c’est cela qui demeure le plus important pour nous tous ! Comme l’écrit le Pape François : « La sainteté est le visage le plus beau de l’Eglise » (Gaudete et exsultate n. 9) ! Comment ne pas rendre grâce pour la floraison des saints qui ont fait l’histoire de l’Eglise, les plus illustres, ceux qui ont les honneurs des autels, comme les plus cachés, « ces soldats inconnus de la sainteté », dont parlait saint Jean Paul II, « les saints de la porte d’à côté », comme les appelle le Pape François. Et ils sont une foule innombrable !

En même temps, nous avons bien conscience que la demeure de Dieu parmi les hommes a été entachée, ces dernières décennies, par les péchés de ses membres, et plus particulièrement par le scandale des abus de pouvoir, de conscience et des agressions sexuelles qui défigurent le visage de l’Eglise et ternissent son message. En ce sens, nous accueillons avec gratitude les résolutions que les évêques de France ont prises lors de leur dernière assemblée plénière et qu’ils ont présentées dans une lettre adressée à tous les fidèles, pour faire de l’Eglise une « Maison sûre ». Ceux qui se sont rendus coupables d’actes gravement répréhensibles devront réparer devant la justice civile et canonique. Les victimes, dont les vies ont été profondément détruites, devront se savoir reconnues, écoutées, accompagnées dans leur reconstruction humaine ; elles devront être assurées que l’Eglise prendra toutes ses responsabilités pour prévenir et combattre de tels abus, et leur offrir leur prière comme leur assistance spirituelle.

Il est paradoxal que le monde, si enclin à la permissivité morale, soit si impitoyable avec les coupables, quand l’Eglise, qui n’abdique rien des exigences morales de l’Evangile, est si miséricordieuse avec les pécheurs. Il ne s’agit pas, encore une fois, d’excuser les coupables, mais nous devons les recommander, eux aussi, au Seigneur, lui l’Innocent que Dieu a identifié au péché et qui a offert sa vie en sacrifice d’expiation pour les péchés du monde entier. Parce que, « tout en étant plusieurs, nous sommes un seul corps dans le Christ, et membres les uns des autres » (Rm 12, 5), nous sommes appelés, dans la foi, à participer, nous aussi, à ce sacrifice de réparation pour les pécheurs.  C’est le sens profond de notre participation au Sacrifice eucharistique : par la communion sacramentelle, nous devenons avec Jésus, une seule victime de propitiation pour le pardon des péchés. Tant que nous n’entrerons pas dans cette dimension théologale de notre responsabilité dans l’Eglise, nous ne viendrons pas à bout de ces scandales, quelles que soient les bonnes décisions que nous prendrons à vues humaines, pour amender les coupables et aider les victimes à se relever.

Avec les évêques de France, chers frères prêtres, je ne veux pas moins aujourd’hui vous redire toute ma confiance. Je sais combien vous souffrez de ces scandales, qui jettent parfois la suspicion et l’opprobre sur vous, quand bien même vous accomplissez généreusement et courageusement votre ministère au service de tous, à commencer par les plus petits et les plus vulnérables. Le Peuple de Dieu a d’autant plus besoin de votre ministère de sanctification. Vous aussi, vous pouvez dire de manière très spécifique : « L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction pour annoncer l’Evangile aux pauvres » (Lc 4, 18) et pour exercer un ministère de libération et de consolation en faveur de tous : « consoler tous ceux qui sont en deuil … mettre le diadème sur leur tête au lieu de la cendre, l’huile de joie au lieu du deuil, un habit de fête au lieu d’un esprit abattu » (Is 61, 3). Nous pensons en particulier à nos frères et sœurs frappés par la maladie et pour lesquels je bénirai l’huile des malades.

Chers frères et sœurs, nous comprenons d’autant mieux pourquoi, parmi les baptisés, Jésus en a appelé quelques-uns pour perpétrer son Sacrifice et sanctifier le Peuple chrétien, selon l’expression du rituel de l’onction des mains du prêtre au jour de son ordination : « Que le Seigneur Jésus-Christ, lui que le Père a consacré par l’Esprit Saint et rempli de puissance, vous fortifie pour sanctifier le peuple chrétien et pour offrir à Dieu le sacrifice eucharistique ». Je remarque que jusqu’à la réforme liturgique, l’onction des mains se faisait, non pas avec le Saint-Chrême – alors réservé à l’ordination de l’évêque –, mais avec l’huile des catéchumènes, précisément pour les fortifier en vue du combat spirituel. C’est en effet le sens de cette huile, que je bénirai dans un instant, que de remplir de force les catéchumènes, en vue de leur ultime combat contre l’Adversaire, au moment où Dieu le Père les arrachera au pouvoir des ténèbres et les transférera dans le Royaume de son Fils bien-aimé (cf. Col 1, 13). Le nouveau rituel prévoit désormais d’oindre les mains du nouveau prêtre avec le Saint-Chrême, sans doute pour mieux souligner la dignité du Sacerdoce ministériel. Chers frères dans le Sacerdoce, ne prenons jamais prétexte de cette dignité pour oublier, qu’avec tous les baptisés, nous sommes d’abord des chrétiens appelés à devenir des saints, et que le pouvoir sacré qui nous a été conféré pour servir le peuple chrétien de manière désintéressée et désappropriée de nous-mêmes, ne saurait jamais être un prétexte pour satisfaire les convoitises de la chair (cf. Ga 5, 13).

Je voudrais encore, chers frères et sœurs, et vous très spécialement chers frères prêtres et diacres, vous adresser aujourd’hui un appel vibrant à l’unité, sans laquelle notre apostolat serait stérile. J’ai relu et médité avec profit, ces jours derniers, les lettres que saint Ignace d’Antioche, évêque de Syrie à la fin du Ier siècle et au tout début du IIème, adressait aux églises qu’il traversait, alors qu’il était conduit à Rome, enchaîné, pour y subir le martyre. Nous les lisons dans le bréviaire tout au long du Temps ordinaire. Il y souligne, de manière aussi insistante que poignante, la nécessaire communion de tous les fidèles avec l’évêque, le presbyterium et les diacres. J’y ai glané quelques perles que je voudrais vous livrer pour nous inviter à approfondir cette communion en vue de la mission qui nous a été confiée et pour laquelle Jésus a prié d’une manière si intense, alors qu’il allait offrir sa vie en sacrifice, précisément pour « rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés » (Jn 11, 52) : « Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé » (Jn 17, 21). Comme vous le constaterez, ces paroles sont toujours actuelles. Et si elles nous dénoncent, nous saurons puiser dans la miséricorde du Seigneur le ressort nécessaire pour « rejeter toute méchanceté, toute ruse, les hypocrisies, les jalousies et toutes les médisances » (1 P 2, 1), qui sont hélas bien souvent notre lot commun de chrétiens et de prêtres. L’Esprit du Seigneur, qui nous a consacrés par l’onction, est un Esprit qui unifie et jamais ne divise !

Aux Philadelphiens, saint Ignace d’Antioche écrit : « Cette Eglise, je la salue dans le sang de Jésus-Christ. Elle est ma joie éternelle et constante, surtout si ses fidèles restent unis à l’évêque, à ses prêtres et aux diacres qui l’accompagnent […] Aussi, vous qui êtes enfants de la lumière de vérité, fuyez les divisions et les doctrines mauvaises : là où est votre berger, suivez-le, puisque vous êtes ses brebis […] Tous ceux qui appartiennent à Dieu et à Jésus-Christ, ceux-là sont à l’évêque ». Aux Tralliens, il écrit : « Il est nécessaire, comme vous le faites, de ne jamais agir sans l’évêque mais d’être soumis aussi au presbyterium comme aux Apôtres de Jésus-Christ, notre espérance […] Celui qui demeure à l’intérieur du sanctuaire est pur, mais celui qui est à l’extérieur du sanctuaire n’est pas pur : c’est-à-dire que celui qui agit en dehors de l’évêque, du presbyterium et des diacres, celui-là n’a pas la conscience pure ». Sans doute ces paroles fortes s’adressent-elles à tous les fidèles, mais d’une manière particulière aux prêtres et aux diacres qui ne sauraient exercer leur ministère en dehors de la communion avec l’évêque, et tous les évêques en communion avec le Pape. Il est manifeste en effet que pour Ignace, il va de soi que l’évêque, les prêtres et les diacres font cause commune, sans quoi, c’est tout l’édifice de l’Eglise qui s’effondrerait ! Entendez encore ce que saint Ignace écrit aux Magnésiens : « Je vous en conjure : ayez à cœur de faire toutes choses dans une divine concorde, sous la présidence de l’évêque qui tient la place de Dieu, des presbytres qui tiennent la place du sénat des Apôtres, et des diacres qui me sont si chers, eux qui ont reçu la charge du service de Jésus-Christ ». Chers frères dans le Sacerdoce, nous avons reçu le ministère de l’unité, sans laquelle notre apostolat, quoiqu’il en puisse paraître, ne saurait être fécond : non seulement le monde ne pourrait pas croire en Celui que Dieu le Père a envoyé, mais nous ne pourrions pas non plus susciter les vocations sacerdotales qui manquent si cruellement dans nos familles et dans nos communautés. Vous aurez compris qu’il ne s’agit pas ici de considérations simplement humaines d’affinité de sensibilité ou d’idées, mais d’un appel à un sursaut de foi !

J’ai bien conscience que ma responsabilité d’évêque est d’autant plus grande et que les paroles de saint Ignace m’atteignent, moi le premier. A Polycarpe, évêque de Smyrne, il écrit des mots qui me vont droit au cœur : « Justifie ta fonction d’évêque par une parfaite sollicitude de chair et d’esprit ; préoccupe-toi de l’unité, car il n’y a rien de meilleur. Supporte tous les frères, comme le Seigneur te supporte. Soutiens-les tous avec amour… Adonne-toi sans relâche à la prière … Porte les infirmités de tous… Si tu n’aimes que les bons disciples, tu ne mérites pas de reconnaissance… Tiens ferme, comme l’enclume sous le marteau… C’est pour Dieu surtout que nous devons tout endurer, afin que lui-même nous endure ». Je reconnais bien volontiers devant vous que je suis loin du compte et, en demandant pardon pour mes manquements, je m’engage, avec la grâce de Dieu, à en faire davantage le programme de mon ministère auprès de vous.

Chers frères et sœurs, priez pour vos prêtres et vos diacres, priez pour votre évêque. Confiez-nous à la bienheureuse Vierge Marie, Mère de l’Eglise et Notre-Dame du Sacerdoce. Relevons tous ensemble le défi de la Communion, aimons-nous les uns les autres, d’un cœur sans partage. Il y va de la crédibilité de notre mission. Amen.



Source : diocese64

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